Bembèrèké : les conflits entre agriculteurs et éleveurs définitivement résolus
Le week-end écoulé, le Ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche était en tournée dans la partie septentrionale de notre pays. El Hadj Issa Azizou était notamment à Bembèrèkè où il a procédé à l’inauguration des premiers couloirs de passage des animaux, au grand bonheur des acteurs du secteur. Ce geste vient au moment propice, à la veille de la période sensible de transhumance des animaux. Car il permettra de régler définitivement les conflits entre agriculteurs et éleveurs.L’autorité ministérielle a fait d’une pierre deux coups en lançant la campagne de vaccination des bovins.
Bientôt la transhumance ! 20. 000 têtes d’animaux iront à la quête d’airs de pâturage dans les départements du Borgou et de l’Alibori et plus précisément dans la commune de Bembèrèkè. Et comme chaque année, cela n’est pas sans risque. D’éventuels conflits s’éclatent entre les agriculteurs dont les champs sont dévastés par les animaux des éleveurs avec pour éventuelles conséquences des pertes en vie humaines et des blessés. C’est en effet pour préserver et atténuer de tels affronts et dans le constant souci d’impulser une intégration de l’élevage à l’agriculture qu’il a été procédé samedi dernier dans l’enceinte de l’arrondissement de Gamia dans la commune de Bembèrèkè à l’ouverture des premiers kilomètres de couloirs de passage et des aires de pâturages de bétail. Ceci répond à un projet de délimitation et de balisage de 1000 kilomètres de couloirs de passage allant de la commune de Karimama à celle de Ouinhi. 23 communes devront être concernées avec une incidence financière de 596 millions de Fcfa. Mais pour cette première phase pilotée par le Pafilav, seulement 8 communes ont été pris en compte pour 398 kilomètres. Et concernant la commune de Bembèrèkè, 47 kilomètres sont ouverts pour servir de couloir de passage. Et c’est ce dernier que le ministre est allé inaugurer. Faisant d’une pierre plusieurs coups, le ministre Azizou EL HADJ ISSA également lancé la campagne nationale de vaccination des ruminants. Ce fut devant une forte mobilisation des éleveurs, des agriculteurs, de sages et notables de la commune. Des honorables députés à l’Assemblée Nationale, les maires des communes de Kalalé, Sinendé et Bembèrèkè, la commune hôte. Des Responsables de développement rural et d’encadrements techniques des différentes communes des départements du Borgou et de l’Alibori. "L’ouverture des couloirs de passage et d’aires de pâturage favorise une circulation des animaux vers les ressources pastorales et une diminution des conflits entre éleveurs et agriculteurs…", a signifié, EL Hadj TidjaniAboubakar, Président de l’ANOPER. Ces couloirs de passages soigneusement tracés en respect de la géographie des champs des
agriculteurs, et des retenues d’eau des animaux permettront sans risque la transhumance des animaux de leur campement vers les airs de pâturage balisés en vue d’entretenir une union pacifique entre agriculteurs et éleveurs. Par ailleurs, le président a profité pour présenter des doléances susceptibles de contribuer au développement de l’élevage et du partage équitable des ressources pastorales. Il s’agit entre autres d’un encadrement de proximité donc une décentralisation de la Direction de l’Elevage, du renforcement de moyens techniques de travail, de la mise en place d’un système de financement adapté à l’élevage mais aussi et surtout du vote du code pastoral censé corriger définitivement de telles irrégularités liées à l’exploitation des ressources pastorales.
Mission accomplie pour le Pafilav
D’une pierre, le ministre en a fait deux coups. Autant l’intégrité physique et l’épanouissement professionnel des agriculteurs et des éleveurs le préoccupent, autant la santé des animaux s’avère indispensable. Selon les chiffres, l’élevage contribue à 6% du produit intérieur brut et le cheptel béninois s’évalue à environ 263 milliards de Fcfa. "Il est donc nécessaire de veiller à la santé des animaux en réduisant le taux de mortalité animale", a justifié le Conseiller technique du Chef de l’Etat à la transhumance et à la résolution des conflits. Ainsi, il a été également procédé au lancement de la campagne nationale de vaccination des animaux à travers le Projet d’Appui aux Filières Lait et Viande (Pafilav) qui abrite une dotation en vaccin de plus de 300 000 000 Fcfa. "La protection sanitaire des animaux étant une exigence du Plan de relance du secteur agricole", a souligné le coordonnateur du Projet d’Appui aux Filières Lait et Viande, Emile Tognibé. Le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche Azizou EL-HADJ ISSA s’y est alors accommodé. Il a fait le geste utile en injectant lui-même les doses de vaccin dans le corps de quelques bovins avant de visiter avec toute sa délégation les airs de pâturage qu’il a pris le soin d’inaugurer. "Il nous reste du travail. Il faudrait que nous puissions discipliner nos agriculteurs", a lancé le ministre qui a profité pour plaider à la certification et à la sécurisation de ces aires. Ainsi lancé, les animaux doivent être vaccinés contre les épizooties, la pasteurellose bovine et pneumonie contagieuse, des affections dangereuses pour les ruminants. La cérémonie a pris fin par la visite de quelques couloirs de passage et de quelques aires de pâturage. "J’invite tous les éleveurs à respecter ses couloirs de passage afin que vos droits soient respectés par les populations agricoles", a conclu le préfet des départements du Borgou et de l’Alibori.
Écrit par Etienne AVONON
Source: Notre voix